Emile Brun, vigneron sur la commune et futur premier président, réunit ses confrères à la mairie. L’heure est grave ! A Gonfaron comme ailleurs dans le sud de la France, la crise s’est installée, profonde. Les caves sont pleines et le spectre de la pauvreté hante nombre de viticulteurs : les vins qu’ils produisent parfois seuls dans le sous-sol de leur maison sont difficiles à vendre. Les négociants de l’époque dictent leurs lois dans un marché où l’offre est largement supérieure à la demande.
Ce soir du 30 décembre, au crépuscule de l’année 1920 a lieu un premier conseil d’administration. Les vignerons de Gonfaron décident d’unir leurs forces. L’objectif est simple : vivre décemment en créant de toutes pièces un outil de mutualisation qui leur permettra de déléguer les contraintes de production et de vente, tout en s’affranchissant d’intermédiaires peu scrupuleux. Après de longs et âpres débats, il est décidé, à l’unanimité, de lancer la construction de la cave et de la laisser à disposition des viticulteurs pour les prochaines vendanges. Le bureau nouvellement constitué, avec à sa tête Emile Brun, a pour mission de trouver un terrain près de la gare et un architecte pour la mise en œuvre du projet.
Les statuts sont définis et consignés noir sur blanc le 10 mars 1921 : la société coopérative vinicole de Gonfaron voit officiellement le jour. Le 20 mars, un terrain de 93 ares est acquis au Touert, près de la gare, pour 15 000 francs. Après l’obtention d’une avance de 600 000 francs consentie par l’Etat, l’entreprise Coulognac est missionnée pour la construction, qui s’étend sur plusieurs mois. La première vendange en 1922 fédère 156 coopérateurs. L’inauguration a lieu le 22 octobre 1922, au cours d’un banquet de légende qui restera bien des années dans les mémoires. L’histoire était en marche…
